^CD CO P Leite de Vasconcellos Pereira de Mello, José Sur les religions de la Lusitanie I îin-:: -aiuiioiii -TÎBh ."■k-'^gia ;ç!rfi3i!?35£HlH?}- mmm tic iailsîMiliifisfiSSiSi I£3S3HEKi3ÎJûfi2ïU??en BL 980 P8L4 Éff H H B itu^ns; ^fên '''^- M M H UiJâEi ^ij I^M ^1 iH m j|?Pe^»iiiL SOCIÉTÉ m (.ÉOGIiVlMlIt: DE LISIiONNK 8UË LES RELIGIONS DE LA LUSITANIE ABRÉGÉ DTN MÉMOIRE DESTINÉ A LA 10^^ SESSION DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES ORIENTALISTES PAB J. LEITE DE VASCONCELLOS Professeur à la Bibliothèque Nationale de Lisbonne M> S. G. Li< LISBONNE IMl'RlMElilE NATIONALE 1892 SOCIÉTÉ l)K GÉOGRVrilFK DE USIiOlNNE SUR LES RELIGIONS DE LA LUSITANIE ABREfiE IITA MÉMOIRE l)ESTI\E À LA 10™" SESSION DU CONGRÈS INTERNATIONAL DES ORIENTALISTES PAR J. LEITE DE VASCONCELLOS Prolesseur à la Bibliothèque Nationale de Lisbonne M. S. G. L. LISBONNE IMPRIMERIE NATIONALE 1892 L V SUR LES RELIGIONS DE LA LUSITAXTE En combinaut différentes notices laissées par les auteurs grecs et romains sur la péninsule Ibérique, on voit que, exception faite d'un petit territoire bétique au delà du Guadiana, dans l'Alemtejo, toute la zone occidentale de ribérie a été appelée Lusitanie à une époque très loin- taine. Cette zone, qui comprend le Portugal et la Galice, deux pays étroitement unis par des liens ethnologiques et linguistiques, se prolonge cependant un peu vers l'Occi- dent de l'Espagne actuelle. Par commodité et pour éviter des périphrases, j'emploierai le nom Litsitanie comme si- g-nifiant l'époque ancienne de l'Occident de l'Ibérie, à peu près jusqu'au temps des Arabes. Nous avons déjà assez de données, soit archéologiques, soit émanant d'autres sources, pour pouvoir dès à présent, songer à ébaucher une Histoire de la Lusitanie. Si mes forces ne me font pas défaut, j'espère entreprendre un jour ce travail, pour lequel je recueille depuis longtemps des matériaux. Ij'Iîistoire de la Lusitanie admet ces grandes divisions générales : T. Lusitanie préhistorique, ou primitive; II. Lusitanie proto-historique, aussi pré-romaine, mais dont nous avons, outre les monuments archéologiques, plusieurs notices fournies par les auteurs classiques ; III. Lusitanie romaine (et barbare). Puisque les institutions religieuses ont leur place dans cette Histoire, et qu'il y a quelques éléments orientaux dans les religions de la Lusitanie, il m'est venu l'idée de présenter au Congrès un mémoire sur ce sujet; en même temps Je ferai connaître au grand public de nombreux faits très intéressants de notre ancienne histoire. Faute de temps pour préparer entièrement mon travail pour la presse avant la réunion du Congrès, et à cause du délai nécessaire à collectionner les dessins dont je veux Tillustrer, l'impression en est retardée encore ; c'est pour- quoi j'en fais ici un coxirt exposé. I. Temps préhistoriques. — La religion de cette période a dû être d'abord très élémentaire, à en juger par la com- paraison avec ce que nous connaissons chez les sauvages, parce que nos ancêtres eux-mêmes étaient à l'état sauvage. Les données positives qui nous en restent ne sont pas très abondantes : cependant, nous pouvons reconnaître aux temps préhistoriques le culte des morts, l'emploi des amu- lettes, et peut-être encore l'adoration des astres. Le fond de cette religion est la physiolâtrie et la nécrolâtrie. II. Temps proto-historiques. — La Lusitanie comprenait alors des tribus à l'état barbare, par exemple dans le nord et dans le centre, et aussi des sociétés jouissant d'une civili- sation relative, par exemple les Turdétains. D'après ce que o nous dise)it les écrivains grecs et romains, et nous basant sur les monuments archéologiques, nous pouvons nous faire approximativement une idée de la religion de cette période. Le naturisme et l'animisme primitifs se développent, et de nouveaux cultes se montrent. La Nature est encore la source la plus féconde d'où découlent les croyances du peuple : la côte maritime est sanctifiée, et on adore sur un promontoire Héraclès, qui représente un dieu phénicien, et sur un autre la Lune; on divinise les fleuves, tels que le Durius et le Limia; le dieu Bormanicus, d'origine celtique évidente, prend sous sa protection les eaux ther- males de Vizella; vers la frontière de Galice on va res- pectueusement, après un orage, recueillir l'or mis au jour dans une Montagne Sacrée ; la terre reçoit aussi un culte dans la personne' de l'un de ses représentants les plus su- blimes— Endovellicus . Les Lusitaniens, étant pour la plupart des tribus essentiellement guerrières, ne man- quaient pas quelques fois de faire des sacrifices humains, et d'invoquer Ares et Mars-Cososus, divinités belHqueu- ses. On voit partout des dieux de la santé, auxquels ont recours les malades dans l'affliction et la douleur; et aussi partout des dieux secondaires, identifiés par les Romains avec les Lares, les Nymphes, etc., surveillent les loca- lités, et protègent peut-être les champs. Dans une aire assez étendue du sud-est de la Lusitanie, sur le bassin de l'Ana, on fait de terribles devotiones sous l'invocation d'Adaegina, déesse infernale. Dans plusieurs endroits les dieux ont encore un caractère un peu abstrait, n'ayant pas d'images qui les représentent; dans d'autres endroits, souvent déjà sous l'influence romaine, ils reçoivent des offrandes magnifiques, — statues, autels, figures d'animaux. On grave sur les tombeaux et sur les bijoux des symboles sacrés, — voire même le swastika, soit le simple, soit le flamboyant. Les statues de guerriers placées sur les sépul- tures, et les quadrupèdes du type de la porca de Murça appartiennent encore au culte des morts: les uns et les autres apparaissent avec une certaine fréquence dans le 6 nord de la Lusitanie. Des prêtres, probablement un mé- lange d'iialluciné, de devin et de charlatan, intei'prètent les sèves des malades dans des hospices sacrés, et tirent des présages de l'inspection des victimes immolées, du vol des oiseaux et de la direction des flammes, la pubes gallaeca étant surtout habile dans ces trois dernières opérations. Ainsi la religion dépend des habitudes du peuple et des conditions mésologiques : sanguinaire chez les guerriers ; tellurienne sur les montagnes ; aquatique près des fontai- nes et des fleuves; sidérale, etc., au bord de la mer. III. Temps luso-romains. — Lorsque les Romains ont implanté leur domaine dans la Lusitanie, voici ce qui est arrivé à la religion indigène : tantôt nos dieux continuè- rent de vivre avec leurs noms, comme on vient de voir par ceux que j'ai cités, et auxquels je pourrais ajouter encore quelques autres, par exemple, Cusuneneoecus, AruB, Nabia, Coronus, Aernus, etc.; tantôt les dieux furent assimilés à d'autres dieux romains, recevant des noms latins, comme il me semble être le cas pour Fon- tanus-Fontana; tantôt, ce qui est plus rare, à leur côté fui'ent mis des dieux romains, ce qu'on voit dans A daegina- Proseq^ina et Mars-Cososus. Il y a donc deux sortes de cultes pendant la période dont je m'occupe : des cultes d'origine nationale (quelquefois romanisés) ; des cultes d'ori- gine romaine. La splendeui' du culte romain a influé puissamment sur la religion lusitanienne. Les inscriptions renfermant les noms divins et les autels votifs de la religion indigène sont dues entièrement au peuple-roi; autant faut-il peut-être dire de la plupart, sinon de presque tous les autres objets sacrés qui sont ariùvés jusqu'à nous. Les Romains ont donné une forme sensible à ce qui était vague, mal défini ; ils ont con- crète ce qui était un peu nébuleux. Cependant, la religion romaine, à cause de son caractère froid tout adonné au rituel, n'était pas la mieux appropriée à insuffler une vie mythologique et à donner un développement brillant à une religion qui était encore composée d'éléments animistes et d'mi polythéisme rudimentaire; c'est pourquoi l'influence s'est bornée surtout au côté externe, — à la superstition et au culte. La religion romaine se trouve fort bien représentée dans notre archéologie : nous en possédons des temples, des autels, des cippes, des statues, des statuettes, des patères, des amulettes, etc. Puisque je m'adresse en ce moment à un Congrès d'Orientalistes, je veux spécialiser les dieux romains d'origine orientale que mentionnent les monu- ments épigraphiques de la Lusitauie. Les voici : Isis (égyptienne), appellée Augusta dans une inscription de Bracara, et Doviina dans une autre de Salaeia; Maft-r Dtivm, la grande déesse de la Phrygie, dans deux inscrip- tions d'Olisipo, et dans une de Capera; Mithras, le dieu persan du soleil, sous la forme Cautes ou Cautus, dans une inscription d'Emerita; Serapis Pantheus (d'origine égyp- tienne) dans une inscription de Pax Julia; on peut encore ajouter Sol invictnsj dans une inscription de Capera, parce que la divinité invoquée sous ce nom est apparentée aux cultes de la Syrie. Après les rapports du monde romain avec l'Egypte et l'Asie, et par suite de la profonde déca- dence de la religion de Rome, plusieurs dieux étrangers ont pénétré dans l'empire des Césars, surtout ceux qui par leur étrange symbolisme, les cérémonies et les fêtes avec lesquelles ils étaient adorés, et les abstruses supersti- tions qui les enveloppaient de tous côtés, parlaient le mieux à l'imagination du peuple. La Lusitanie n'a donc pas échappé à l'invasion. Avec l'influence du culte romain sur nos cultes indigè- nes, les beautés artistiques des rives du Tibre, oi^i elles avaient été importées de la Grèce, vinrent aussi sur les rives du Guadiana : les nombreux restes du sanctuaire d'Endovellicus. le riche temple d'Evora, les statues divines trouvées dans TAlgarve, les tombeaux de marbre si gracieusement ciselés, etc., tout cela prouve ce que je dis. C'est dans le sud de la Lusitanie. que la civilisation italique s'est fait sentir le plus vivement, parce que le pays était plus accessible à qui venait de la Méditerranée, et parce qu'il est duué d'un climat très doux, ce qui a con- tribué aussi à la précocité de la civilisation turdétaine ; il est vrai que tout le nord décèle à chaque pas l'intluence roinaine, mais il a été plus difficile d y eflfacer la rudesse primitive, à laquelle les auteurs classiques font si souvent allusion. Au paganisme luso-romain a succédé le Christianisme; des éléments germaniques arrivent plus tard dans la Lu- sitanie. L'implantation du Christianisme ne s'est pas faite sans lutte ni tout d"mi coup. Malgré cela, il y avait déjà des églises chrétiennes dans la Lusitanie vers le milieu du m® siècle, et les évêques d'Emerita, d'Ossonoba et d'Ebora assistèrent au concile d'Illiberris au iv^ siècle; l'église lusitanienne produit au iv^ et v^ siècles des hom- mes remarquables, tels que Saint Damase, Idace et Orose. Le roi des hispano-goths Reccarède, au vu® siècle, aban- donne l'arianisme et embrasse le catholicisme, qui devient dès ce moment la religion officielle. L'Eglise, impuissante à extirper tout-à-fait le paganisme, a sanctifié de nombreuses croyances ; d'autres se sont per- pétuées à titre de superstitions, et assez souvent le Diable aussi, les Moiras encantadaSj et nombre d'êtres phantasti- ques modernes tiennent la place des di\inités déchues. Les sympathiques dieux topiques, si chéris du peuple sim- ple, se sont transformés en saints patrons^ à qui les dévots ne manquent pas de rendre l'ancien culte, quoique sous une autre foime ; au lieu des Xymphées nous avons les Fontes- 8antas, où l'on adore la Sainte Vierge et d'autres entités chrétiennes ; sur le sommet des coUines, ou au fond des vallées, dans les lieux mêmes où Endovellicus et Durbedicus exhibaient leurs temples, nous voyons au- jourd'hui des chapelles et des églises; aux carrefours, si fréquentés des Lares Covijntales^ la croix étend ses bras, et l'on y raconte des récits de sorcières. y Héritière de tant de systèmes religieux et aussi différents, notre religion populaire est proprement un mélange: on y découvre encore des éléments naturistes, animistes et po- lythéistes. Les idées, et surtout les idées religieuses, s'éteignent rarement: une fois acquises par l'âme humaine, elles peu- vent éprouver mille changements, souffrir et se contrain- dre, mais elles tiennent bon, bravant toujours l'ennemi qui les attaque. I I '(/r PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY BL 9B0 PRLIf Leite de Vasconcellos Pereira de Mello, José Sur les religions de la Lusitanie